En v'la ben encore une autre de lettre du Babiant. C'est pas tout à fait un conte de Noël, le Babiant, il a pas envie d'se faire enguirlander !! (Raté !)
Salut Guignol.
Le lundi de la St Jacques de la Marche, à la Fête, en bas d’ chez toi, on a aussi causé d’la médiathèque du Clos qu’est pas encore tout à fait prête au prêt.
Même que les Municipaux, comme i font souvent, i z’ont délibéré pour demander des picaillons*, ce’te fois pour les ordinateurs et ce qui va avec ; c’est ce qu’i z’ appellent la culture numérique et c’est donc pas étonnant qu’ pour ça, faille des pécuniaux* en nombre. Si j’ai bien compris, ces machines, ça vieillit vite et elles prennent leur retraite de plus en plus tôt, c’est pas comme les citoyens à ce’t’heure…
La Première d’la Classe, elle a espliqué que Brindas, avec les liseuses, sera en pointe. A ce qu’i paraît, Guignol, dans ces engins, y’ a même de l’encre électronique. Ben j’espère que cette encre-là, elle est plus sympathique que l’encre bleue ou violette qu’on usait sur les bancs de la Laïque. C’est que l’encre de la Laïque, elle faisait parfois des ravages sur la belle ouvrage de nos cahiers d’escoliers. Ô combien de punis ! Combien de lignes copiées et recopiées à la plume d’acier et non pas copiées-collées, combien de tours de cour à la récré, combien de séances de pause au piquet…Ouais, passons, c’est vrai, y’avait aussi les bons points et les images…
Bon, va pour les liseuses, mais quand même, j’connais quèques fenottes*, comment qu’elles vont faire pour plier des hérissons, si elles ont plus le papier jauni des livres âgés… Pi ces liseuses électroniques, faudrait pas qu’elles se contentent d’attirer l’électrice et surtout, faudrait pas qu’elles chassent les lectrices, t’sais, Guignol, celles qui lisent à haute voix. Tu crois pas que ça serait bien qu’y ait des lectrices à la médiathèque, pas que pour les gones, mais aussi pour les grands. T’sais, les grands, pourquoi i z’auraient pas droit à la cagne*. Chui pas sûr que la Première et pi mes patrons ils les aiment bien les traîne-grolles*…Quand même, y’a des liseuses qu’ont une voix inoubliable. Rien que d’y penser, ça me rappelle certaines fins d’après-midi quand la maîtresse de la Laïque, elle nous lisait une histoire. Même que quand elle lisait « La Belle Lisse Poire du Prince de Motordu », on avait le droit de rire…
Ah Guignol ! Avec toutes ces histoires de lectrices, et de liseuses, j’en ai fait une rêvation *, la nuit qu’a suivi. Imagine, en dormant, j’ai vu le Président, oui oui, çui de l’Elysée qui venait inaugurer la médiathèque du Clos. La Première, entourée des Uèmepézélés célèbres du coin et du parfait*, après les parlements*, elle offre au président, pour qu’ i soye dans ses bonnes*, non pas un bâton de berger*, ça c’est pour l’apéro après, mais une splendide liseuse carrossée carbone avec écran imitation papier bible et parfumée à l’encre. Sublime ! Mieux que bling bling la liseuse ! Il est repu* le Premier d’la classe France. Il en est même tout brillaudi* et aussi sec, i se met à caresser l’écran. Et que voit-il apparaître, le Premier d’l’ Elysée, en guise de page de garde ou de mise en garde ? …
- André Malraux : « La France n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle l’est pour tous. »
No comment*. Le président zappe.
- Napoléon Bonaparte : « Le meilleur moyen de tenir sa parole est de ne jamais la donner »
Ah ? Il zappe.
- Victor Hugo : « Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.*
« Casse-toi ! » I zappe.
- Il voit ensuite : « Mme de la Fayette ». Chic ! Une femme, la Femme est l’avenir de l’Homme comme qu’i y’en a un qu’a chanté. Mais, le Premier de l’Elysée, i déchante vite quand i voit la suite : « La Princesse de Clèves ».
Alors là, il esplose : « Madame Agârrât, vos liseuses, c’est pas des liseuses de bonne aventure…Qu’on m’apporte mon Karcher que je nettoye un peu tout ce qui tombe sur le domaine public ».
On s’active autour pour essayer de le calmer, on lui esplique que la médiathèque étant bâtie sur l’ancienne ferme Fayet, i fallait bien pour le devoir de mémoire, charger dans la première liseuse, la saga de Mme de La Fayet…Rien à faire, i fait vilain*,le Premier : « puisque c’est comme ça, j’me casse.
Allez chauffeur ! das Auto, das Auto* ! J’retourne au sommet avec Angela. Ben oui, j’la vois souvent…J’ai bien l’droit moi aussi d’avoir mon Angela en plus de Carla et de Giulia ; Baraque, mon collègue des Etats, unis eux, il a bien la sienne*, lui » …
Le Babiant décembre 2011-12-15
*picaillons, pécuniaux* : des sous fenottes : femmes cagne : paresse, flemme traîne-grolles : paresseux Rêvation : rêve le parfait : le préfet parlements :discours dans ses bonnes : de bonne humeur Bâton de berger : spécialité contemporaine de saucisson repu : content Brillaudi : excité V .Hugo : y’en a une pleine page, impossible de choisir No comment : c’est du Grand-Breton Clèves : le président a tenu des propos peu courtois sur « la princesse » et n’a pas fait preuve de connaissances littéraires… Faire vilain : se fâcher la sienne : Angela Davis, grande figure du mouvement Noir américain Das Auto :c’est du Germain.